CEREGE (Centre de recherche en sciences de gestion)
Faut-il un étiquetage environnemental ?
A l’heure où les produits verts connaissent un déficit d’image dans la jungle de la consommation alimentaire, Jeanne Lallement s’intéresse à leur étiquetage environnemental. Cette enseignante-chercheuse en science de gestion à l’IUT ( Université de La Rochelle) s’intéresse à l’utilité de généraliser un modèle d’étiquette environnementale qui, aujourd’hui, ne s’applique qu’à l’électroménager et aux voitures.
Quel est votre sujet d’études ?
A l’IUT comme à l’IAE(1), beaucoup d’enseignants sont des enseignants-chercheurs, c’est-à-dire qu’ils consacrent 50% de leur temps à des travaux de recherche. L’équipe de chercheurs en place (le CEREGE LR-Mos), commune à ces deux institutions, travaille sur une problématique actuelle forte : l’impact de l’étiquetage écologique sur les biens de grande consommation.
A quoi servirait cet étiquetage environnemental ?
Il nous aiderait à avoir une consommation responsable dans chaque catégorie de produits : alimentation, textile, soins-beauté, mobilier, papeterie. A prix équivalent, un produit fabriqué dans le respect de l’environnement a plus de sens à nos yeux ; il cumule valeur éthique et valeur économique. Enfin, cette étiquette écologique peut représenter d’autres valeurs : utilitaire, sociale ou même émotionnelle. Son impact est considérable et donc très intéressant. Enfin, elle éveillerait la conscience du consommateur en l’aidant à faire le tri grâce aux informations qu’il aurait à sa disposition.
Quels produits ont déjà fait l’objet de recherche marketing ?
Une phase d’expérimentation a été menée en 2011 et 2012 auprès de 150 entreprises pionnières. Des centaines de produits commercialisés vendus en rayon ou sur internet ont été accompagnés par un affichage détaillant leur impact écologique sur le climat, l’eau l’air ou bien encore la biodiversité.
Notre équipe de recherche a travaillé avec la Chambre des Métiers et en association avec des boulangers sur l’affichage de la baguette de pain et de la bouteille d’eau. L’expérimentation sur la baguette a conclu que le calcul des impacts sur l’environnement était compliqué à mettre œuvre pour les artisans et les très petites entreprises. En revanche, sur un produit comme l’eau, l’étiquette environnementale apporte une valeur économique et écologique à la bouteille ; elle devient donc un critère de choix et un levier de consommation durable.
A quoi devrait ressembler l’affichage environnemental de nos produits ?
Dans un monde idéal, il faudrait que tout soit étiqueté de façon simple pour orienter nos choix. En amont, cela permettrait aux producteurs de développer une démarche d’éco-conception de leurs produits, ce qui serait aussi une source de compétitivité potentielle. Enfin, cet affichage nous permettrait de faire le tri entre les vrais bons produits et le « greenwashing » qui consiste à « blanchir » l’image de produits pollueurs à travers un faux positionnement écologique !
(1) instituts d’administration des entreprises
